#95 Quelques morts à la con dans l'Histoire

Aujourd’hui c’est jeudi. Et le jeudi, soit on met son joli gilet jaune pour sortir, soit on lit « La petite histoire de l’Histoire ». Comme moi le jaune me grossit, j’ai le plaisir de vous présenter l’épisode n° consacré à un sujet de feignasse (oui j’avoue) mais que vous aimez bien : les morts stupides dans l’Histoire.

Depuis la nuit des temps, l’Homme a toujours trouvé le moyen de crever comme un blaireau dans des circonstance que l’on croirait fictives tellement elles sont dingues. Comme quoi, la sélection naturelle hein...

Mais comme disait Princess Erika « trop d’blabla, j’ai donné déjà », alors mes petits amis du 21e siècle, je vous propose d’embarquer dans la machine à remonter le Temps pour un voyage avec pas mal d’escales, j’espère que vous avez vos passeports temporels.

Allez, c’est ti-par !

Milon de Crotone : La force pure de Pete Mc Calloway 

Nous sommes en 540 av JC. Milon de Crotone est la re-sta des grecs. Le mec est tellement balaise qu’il est connu partout. Il se la racle à mort et cherche des défis à sa hauteur. Pour cela, il part en forêt avec la ferme idée de mettre sa race à un arbre. Oui, le gars est pacifiste mais veut tatanner de l’écorce. Ah il fera moins son malin le chêne !! Milon prend son élan, lance les poings et croit vraiment qu’il va fendre le tronc en 2 genre c’est un Chevalier du Zodiaque le mec. Raté. Il se coince les mains dans le bois et ne peut se dégager. Il meurt dévoré par des loups. 

Vas-y lâche-moi le iench!!

Chrysippe de Soles : Rire et Châtiment 

Restons en Grèce car ce sont des petits marrants. Et justement. Chrysippe (appelons-le Chrys) est un philosophe stoïcien qui pourtant aime le LOL et les bonnes vannes. Un jour, il assiste à un banquet avec plein d’invités. Il aperçoit un âne qui mange des figues destinées aux invités. Chrys voit là le top du top de l’humour, le Nirvana du gag digne du dernier Kev Adams, et commence à rire à gorge déployée. Et ne s’arrête plus. Enfin jusqu’à ce qu’il meure étouffé. MDR. Au sens propre… 

Claudius Drusus : Bonne poire

Fils de l’empereur romain Claude, il meurt comme un con en jetant une poire en l’air et en essayant de la gober. Etouffement. Souffrance. Mort. Il ne sera jamais empereur.

Theinko : Mon royaume pour un concombre 

En cette belle année 932, le roi du Cambodge, Theinko, se prend une taule lors d’une bataille oubliée depuis longtemps. Un peu perdu après ça, il s’arrête dans une ferme, et comme c’est le roi, il fait ce qu’il veut. Là, ce qu’il veut en l’occurrence, c’est un concombre. Ben quoi ? 5 fruits et légumes par jour mon gars ! Sauf que le fermier est un peu tatillon, et roi ou pas roi, on lui ne choure pas un concombre comme ça sans payer sa petite pièce. Il tue Theinko et récupère son légume. L’histoire pourrait déjà s’arrêter là, on se serait bien marré. Mais la reine qui ne veut pas trop créer

d’embrouilles dans un royaume déjà affaibli par la défaite, et qui en plus a un match Tinder avec le fermier, lui fait revetir l’habit du roi et le ramène ni vu ni connu à la capitale. Elle l’épouse et le fermier devient roi du Cambodge sous le nom de Nyaung-U Sawrahan.

Maximilien 1er de Habsbourg : Le mec qui a pris un de ces melons ! 

Le papa de Charles Quint est un empereur loin d’être un branque. Il rattache à son royaume l’Autriche, le Tyrol et une bonne partie des Etats Bourguignons. Posey quoi. Le 12 janvier 1519, il rentre de la chasse et se dit qu’il va se taper un peu de melon. Alors déjà on ne cessera de répéter qu’il faut manger des fruits de saison hein, c’est important. Et puis on devrait lui rappeler que 26 ans plus tôt, son père est mort d’avoir mangé trop de melons. Tu devines ce qu’il va se passer ? Maximilien meurt exactement de la même manière. C’est fourbe le melon.

L'arme du crime était sur le tableau!!

Tycho Brahe : N'est pas Gérard Depardieu qui veut

Astronome danois très connu en Europe, a la chance de voyager avec l'empereur Rodolphe II durant un long trajet. Très long trajet. Tycho étant quelqu'un de très poli (et un peu stupide aussi), il n'ose pas interrompre le trajet de l'empereur pour lui signaler qu'il a une envie pressente. Il se retient donc et meurt à l'arrivée d'une rétention urinaire. Mort pour un pipi…

Quand tu dois pisser mais que tu peux pas

L’abbé Prévost : Attention chérie, ça va trancher ! 

Nous sommes maintenant en 1763. L’Abbé Prévost est un auteur à succès après avoir écrit Manon Lescaut (rien à voir avec Julie hein). Sauf qu’un jour, on le retrouve gisant près d’une fontaine. Personne ne semble douter de sa mort, et il est emmené au médecin légiste qui commence l’autopsie. Au premier coup de scalpel, l’Abbé se réveille. Zut… la boulette. Le médecin tente de refermer la plaie, mais trop tard ! L’Abbé se vide de son sang et meurt cette fois pour de bon !

Stanislas Leszczynski : Allumer le feu ! 

Stan, c’est un peu un looser. Chassé de ton trône de Pologne, il vit en exil avec une rente assez modeste et une Cour qui se réduit peu à peu. Puis il parvient à marier sa fille à Louis XV, ce qui lui permet de retrouver un peu de sa superbe. Mais pas une bonne baraque visiblement… Un soir de 1766, il a tellement froid qu’il se rapproche de sa cheminée au point que sa robe de chambre prend feu. Il meurt quelques jours plus tard.

"Vous sentez pas comme une odeur de brûlé? Non? Ok"

Si tu as apprécié cet article : aime, commente, partage !

RDV en décembre pour une nouvelle chronique inédite. Et j'aurais du lourd, du très très lourd !

#94 Delphine Lalaurie : "Juste quelqu'un de bien... ou pas !"

Aujourd'hui c'est dimanche. Et le dimanche, soit on entre dans une ambassade saoudienne pour en sortir morceau par morceau, soit on lit "La petite histoire de l'Histoire".

Comme moi je n'ai aucune critique, mais alors vraiment aucune à faire au régime saoudien, j'ai le plaisir de vous présenter l'épisode n° 94 consacré à une femme… comment dire ? Complétement barrée, je pense que c'est le terme exact. Tu connais déjà peut-être son nom, car elle a inspirée le personnage jouée par Katy Bates dans la saison 3 d'American Horror Story. Tu verras que la véritable histoire est pire !

Mes petits amis du 21e siècle, j'ai mis pas mal de sac à vomi dans la machine à remonter le temps, direction le 10 avril 1834 et la Nouvelle-Orléans pour rencontrer l'une des plus grande tueuse en série de l'Histoire : allez, c'est parti !

Ca chauffe sévère à notre arrivée ! Tous les habitants du quartier son là. Et pour cause ! L'une des plus belles demeure, le manoir de Delphine Lalaurie, est en flamme. La propriétaire des lieux, folle de rage, refuse aux voisins l'aide qui lui est proposée, et interdit à tout le monde l'accès aux lieux, malgré la catastrophe en cours.

Quand les pompiers arrivent, elle ne peut plus rien faire, et enfin, l'incendie est maîtrisé. Delphine Lalaurie n'a plus le choix, les pompiers entrent dans la maison sinistrée. Et ce qu'ils vont découvrir dépassent de loin toute les rumeurs qui courraient depuis longtemps dans le quartier.

Mais qui es-tu Delphine ?

Née en 1775 d'un père bien blindée de thunes et d'une esclave affranchie, la petite Delphine voit le jour dans un milieu créole aisé de la Nouvelle-Orléans. Bon, rien à signaler jusqu'à ses 25 ans, âge auquel elle se marie à un espagnol avec qui elle aura une fille. Le mec meurt en 1804 à La Havane et Delphine se remarie avec un banquier.

Cette fois, elle donne naissance à 4 enfants, puis son mari meurt de façon inexpliquée en 1816. Jamais 2 sans 3, Delphine repasse à l'église avec un médecin qui a 10 ans de moins qu'elle.

Alors à ce moment là, Delphine fait partie intégrante de la haute société de la Nouvelle-Orléans, et organise régulièrement de superbes soirées dans son manoir de 3 étage, rue Royale. Entre deux Pringles et 3 verres de Mojito, elle prend bien soin de montrer qu'elle possède des esclaves qui la servent et dont elle dit s'occuper avec amour et charité.

Seulement voilà, la façade de la femme parfaite va vite se fissurer. Un jour, une voisine l'aperçoit en train de pourchasser une jeune esclave de 12 ans avec un fouet. La jeune fille, qui brossait les cheveux de Delphine, avait accroché un nœud… Craignant la colère de sa maîtresse, elle monte sur le toit. Delphine, ignorant la pitié, la suit et la menace. La petite Lia, préférant la mort, se jette du toit et meurt de sa chute. Un témoin anonyme, JLM, aurait dit que Lia aurait crié avant de tomber "NE ME TOUCHEZ PAS !!! MA PERSONNE EST SACREE !!"

Delphine Lalaurie aura beau plaider qu'elle n'est pas responsable de cet "accident", les gens vont commencer à l'éviter et sa vie sociale va en prendre un sacré coup ! Elle écope également d'une amende de 300$, mais également d'une interdiction d'acheter des esclaves. Bon, ça ne l'empêche en réalité pas d'en acquérir de nouveaux grâce à des membres de sa famille qui servent de prête noms.

Le jour de l'incendie :

En 1834, un feu se déclare donc dans le manoir. Quand les pompiers interviennent, ils découvrent une esclave noire, le pied enchaînée au poêle. Elle explique alors aux autorités que c'est elle qui a mis le feu à la cuisine, pour se suicider plutôt que d'être conduite dans la "chambre du haut" de laquelle personne ne revient jamais. Intrigués, les pompiers explorent la maison et tombent rapidement sur une pièce secrète.

Tu as le cœur bien accroché ?

Dans cette pièce à l'odeur infecte, c'est une véritable scène d'horreur que les hommes découvrent. Des têtes et membres coupés pourrissent dans des seaux en fer. Partout, des hommes, des femmes, sont morts ou atrocement mutilés. Une table en bois, servant pour les "opérations" est maculée de sang, comme les outils posés dessus : battoir de boucher, fouet...

Deux hommes ont la langue cousue ensemble, une femme a la bouche rempli d'excrément d'animaux et cousue au fil de fer, une autre dont les jambes et les bras ont été coupés se traine au sol, le corps couvert de blessures.

Un homme, accroché au mur, à un bout de bois qui le traverse la tête. Delphine Lalaurie expliquera qu'elle voulait lui remurer la cervelle pour développer son intelligence…

D'autres sont pendus au plafond par les oreilles, ou la tête en bas, d'autres encore sont émasculés. Une femme a les entrailles sorties de son ventre et enroulées autour des jambes, clouées au sol. Enfin, une femme dont les os ont été broyés, et qui a été enfermée dans une cage à chien, supplie qu'on l'achève.

Parmi les pompiers, c'est l'horreur. Certain s'évanouissent, d'autres vomissent. La police est prévenue, mon ignore précisément combien de victimes ont été découvertes ce jour là. Une douzaine d'esclaves sont libérés vivants, mais la plupart meurent quelques jours plus tard tant leur état était désespéré.

Le lendemain, le journal local titre "Le démon dans le corps d'une femme" La foule, folle de rage, est prête à pendre sur place Delphine Lalaurie. Mais trop tard : devinant ce qui l'attendait, elle et sa famille ont déjà quitté la Nouvelle-Orléans. 

Personne ne sait où elle s'est réfugié, même si de récentes trouvailles dans les archives indiquent que Delphine Lalaurie serait morte à Paris le 7 décembre 1849, à l'âge de 74 ans. Une stèle a été découverte dans les années 30 dans le cimetière de St Louis, indiquant une mort en 1842.

Et ensuite ?

Le manoir fut saccagé par la foule en colère, puis abandonné. Cependant, de nombreux témoignages ont fait depuis état de manifestation paranormales ! Tous les locataires ou propriétaires qui se sont succédé ne sont jamais resté longtemps, tous ont rapporté des apparitions d'hommes enchainés ou de femme avec un fouet, des cris de douleur, des bruits de chaines etc.

Le dernier propriétaire en date n'est autre que l'acteur Nicolas Cage qui a acheté ce manoir 3,5 millions de dollars. Il y a organisé des repas et des fêtes, mais jamais de nuit et n'y a jamais dormi. Lui aussi a indiqué avoir vu des fantômes dans la maison et se refusait d'y rester après le crépuscule.

Toujours là, la maison appartient désormais à une fondation de préservation du patrimoine.

Si tu as apprécié cette chronique : aime, commente, partage ! On se revoit en novembre pour le prochain épisode inédit, et j'aurais du lourd. Du très très lourd !

#93 Eugénie Guillou : « No pain no gain »

Aujourd’hui c’est samedi. Et le samedi, soit on refait tout son cartable, sa trousse, sans oublier sa colle Cléopatra, soit on lit « La petite histoire de l’Histoire ». Comme moi j’ai pas envie de redoubler, j’ai le plaisir de vous présenter l’épisode n°93.

Et surtout mes petits amis du 21^e siècle, on attaque ensemble et en forme le 1^er épisode inédit de la 5^e saison !

Pour ce premier voyage de l’année, je suis allé vous dégoter une histoire à base de cuir, de fouet et de bonnes sœurs, le tout pimenté de sexe. Déjà rien que ça, je sais que tu vas aimer.

Partons à la découverte de la vie singulière d’Eugénie Guillou et de ses penchants comment dire … plutôt originaux !

La machine à remonter le temps a mis sa combinaison de cuir et fais chauffer la cire des bougies, ça va faire mal ! Direction l’année 1861 : allez, c’est parti !

Mais qui es-tu Eugénie ?

Ambiance pas du tout 50 nuances de Grey’s like quand nous débarquons dans ce petit château à Louvière, près de Langres. Avant de râler et de dire que je t’ai vendu du rêve, attend un peu…

Nous sommes le 14 septembre 1861 et la petite Eugénie vient de naître. Issue d’une famille de la bourgeoisie locale, l’avenir lui semble tout tracé : de l’éducation (déjà une chance pour une femme à cette époque !) puis un heureux mariage avec un beau parti local : l’autoroute du plaisir et du kiffe quoi !

Seulement voilà… Le père de famille, visionnaire comme le mec du service marketing de chez Colgate qui s’est dit « Tiens, si on faisait aussi des surgelés ! », fait de mauvaises opérations financières et la famille se retrouve ruinée !

A partir de ce moment là, Eugénie, déjà grande peut s’estimer heureuse de savoir lire, mais peut en revanche faire une croix sur le mariage ! Next ! Remarque, c’est peut être mieux pour elle car on la décrit alors comme « petite, brune, pas belle »

Mauvaise foi nocturne

Eugénie n’a pas beaucoup de solutions si elle veut survivre et part comme sous-maîtresse à Vincennes. Mais ça ne marche pas fort et la jeune femme n’a plus d’autres choix (en fait, si elle en a un autre, mais plus glauque) : elle entre dans un couvent et prend le voile à tout juste 20 ans.

Dans cette institution religieuse, Eugénie est scandalisée par tout le vice qu’elle y trouve. Les même que dans la vie à l’extérieur, mais recouvert d’une bonne couche d’hypocrisie. Un poil rebelle, notre héroïne du jour va difficilement se plier aux règles religieuses. Et que fait-on à une jeune femme qui n’obéit pas ? La mère supérieure lui fait donner du fouet ou des fessées.

Révélation pour Eugénie qui ressens là un plaisir absolu pour elle ! Elle n’aura de cesse de transgresser les règles pour se faire punir ! Eugénie découvre les joies du SM et de la sexualité liée à la souffrance. Et quand je dis souffrance, j’entends bien entendu un équivalent à « écouter un album de Maître Gims »

Au bout de 12 ans en couvent, la mère supérieure lui refuse de prononcer ses vœux. Oui parce qu’à ce moment là, je pense que les autres sœurs ont bien compris qu’Eugénie n’était pas restée pour sa foi en Dieu mais pour son attirance pour le fouet. Elle tente d’aller procès pour obtenir le droit de devenir sœur, mais perd et doit quitter le couvent.

Eugénie part alors habiter à Paris et exerce plusieurs petits boulots, dont gouvernante pour un proxénète. Cela lui donne sûrement des idées pour la suite. Elle publie à cette époque une annonce dans le « Journal », grand quotidien du moment : « Recevoir le fouet est chez moi une passion, un besoin. Si vous pouvez me trouver un monsieur aisé aimant fesser la femme, je vous dédommagerai généreusement. » Coquinette va !!

Et là, c’est le début du succès pour Eugénie ! Par ses penchants inhabituels, elle séduit une clientèle fortunée qui ne trouve alors pas d’autres femmes ayant ce genre d’envie. Elle n’hésite pas à se rendre chez ses clients habillée en nonne et met en scène divers jeux de rôle. Elle aime notamment faire croire qu’elle est vierge, et fait payer une fortune à ses clients pour la dépuceler ! Il apparait d’ailleurs que la mise en place d’un scénario est pour elle une condition sine qua none à l’orgasme.

Chaque fois que la police, étonnée par le succès de cette femme sans grande beauté et loin des fantasmes habituels, fait une descente chez elle, ils confisquent divers objets sexuels et autres martinets.

Eugénie se dit qu’il va falloir se faire plus discrète. Consciente également de son propre vieillissement, elle ouvre donc un « salon de beauté » dans lequel elle propose notamment des prestations lesbiennes mais aussi pédophile… autre époque autre mœurs… Elle n’hésite pas à s’acoquiner avec la police qui la laisse peu à peu tranquille.

Disparaissant ainsi des fichiers, nul ne sait comment Eugénie termine sa vie. On sait simplement qu’elle a fini par se marier en 1916 à la mairie du 18^e arrondissement de Paris.

Si tu as apprécié cette chronique de reprise, n’hésite surtout pas à partager, aimer, commenter ! Je te donne rdv en octobre pour le prochain épisode. Et j’aurais du lourd, du très très lourd !

#92 Quatre mecs qui étaient au top et qui ont mal finis : "Argent trop cher"

Aujourd'hui c'est vendredi. Et le vendredi, soit tu commences à préparer les bols de chips et les bières pour le dimanche, soit tu lis "La petite histoire de l'Histoire".

Comme ma machine à remonter le temps est restée longtemps bloquée sur 1998, j'ai le plaisir de te présenter l'épisode n°92 consacré à 4 mecs arrivés au top du top sans être noble, mais qui se sont fait sévèrement bifler par le Destin pour avoir voulu faire trop d'ombre au roi.

Car oui, aujourd'hui, je vais te raconter non pas 1 mais 4 histoires, parce que c'est le dernier article de la saison avant la pause estivale.

Depuis 4 ans, j'alterne d'ailleurs ces formats de biographies courtes en mode "Topito" et les articles uniques un peu plus détaillés. N'hésite pas à me dire ce que tu préfères dans les commentaires pour les prochaines séries.

Mes petits amis du 21e siècle, la machine à remonter le temps a préparé son écharpe de foot et son maquillage bleu blanc rouge, direction l'année 1358 pour notre 1er arrêt : Allez, c'est parti !

1er arrêt. Etienne Marcel : "La boulette"

Alors mon Etienne, c'est un personnage très méconnu de l'Histoire, et assez ambivalent. Pas dans le sens où il écoute Eddy de Pretto et se dit cisgenre. Non, plutôt dans le sens où il a clairement voulu la mettre profond au roi Charles V, mais passe pour l'un des premiers révolutionnaire au service des "petits"

Issue d'une famille de riches commerçant, il est nommé Prévôt des marchands de Paris, un poste clé, en 1354, en pleine Guerre de 100 ans. Fort de sa position, et suite à la capture du roi de France Jean II par les Anglais, il va choisir de soutenir Charles le Mauvais, autre prétendant au trône. En février 1358, il humilie le dauphin Charles en assassinant sous ses yeux 2 maréchaux dont le sang éclabousse le jeune homme. Puis il le force à mettre le chapeau rouge et bleu, les couleurs de Paris, tout comme les révolutionnaires le feront avec Louis XVI 641 ans plus tard. Le Dauphin, ça le fait pas trop golri, mais il ferme bien sa gueule car il est beaucoup moins con que ce que pense Etienne.

Notre Etienne commet alors la double boulette de 1) penser qu'il a maté le Dauphin et 2) placer des gardes anglais dans Paris. Ce qui amuse moyennement les parisiens... les habitants de la capitale en tuent 32 suite à une baston générale. Là, tout part en couille, et Etienne n'est plus soutenu par les nobles de la ville ni par la population.

Tandis qu'il cherche à ouvrir les portes de la ville à son allié Charles le Mauvais et ses soldats anglais, il est assassiné en juillet 1358 par Jean Maillart, qui rallie le Dauphin. Charles V pardonne au parisien, et devient l'un des meilleurs roi de l'Histoire de France.

Détail amusant, Etienne Marcel est par ailleurs l'ancêtre en ligne directe de Marie-Antoinette, qui elle aussi aura par la suite quelques soucis avec les parisiens...

2e arrêt. Jacques Cœur : "Money, Money, Money"

Mais si, lui tu le connais. En tout cas, tu connais forcément la devise qu'il a laissé dans le langage commun "A cœur vaillant, rien d'impossible".

Il est né à Bourges en 1400, dans une famille de commerçant. Lui aussi vient au monde en plein bordel. Les anglais possèdent la moitié de la France, et le Dauphin, Charles VII, est un réfugié clandestin à Bourges, chassé de sa capitale et incapable de rejoindre Reims pour se faire couronner. Pas gagné pour lui...

Mais Jacques, il est malin. Très malin. Lui, il est juste là pour faire de la thune et il va en faire un paquet. Notamment en jouant sur le commerce entre la Chine et l'Europe. En effet, chez nous, on a plein d'argent (le métal) et pas d'or. En Chine, c'est l'inverse. Pas con, Jacquot va tout simplement vendre de l'argent en Chine contre de l'or... et le tour est joué! A la tête de véritables entreprises internationales, on dit que c'est lui qui a inventer le concept capitaliste des multinationales !

Alors forcément, avec son réseau et sn influence, tout le monde lui doit de l'argent... Et ça finit par énerver même Charles VII, devenu roi entre temps. En 1450, Jacques Cœur est arrêté sur ordre du roi, pour une dizaine de motifs plus ou moins foireux. Sous la torture, il avoue tout ce qu'on lui reproche et il est condamné à mort le 243mai 1453.

Seulement Jacques n'a pas dit son dernier mot. Il a tout perdu... mais parvient à s'échapper de prison, rejoint Rome et prend la tête d'une flotte au nom du Pape pour aller combattre les Turcs. Il meurt au combat en 1456.

3e arrêt. Concino Concini : "Lifestyle of the rich ans famous"

Aventurier italien, il arrive à la cour de France avec Marie de Medicis qui épouse Henri IV. La reine a en effet dans sa suite Leonora Dori, sa sœur de lait, qui a épousé Concino. La reine, sous l'emprise totale du couple qui ne rêve que de fortune et de gloire, leur passe tout et fait d'eux des gens riches. Elle se confie à eux, leur livre tout ses secrets. Et surtout, elle cède à tous les caprices des deux dévorés d'ambition.

A tel point que Concino est fait Maréchal et dispose d'une armée de 7000 hommes. Il se pavane, surtout après la mort d'Henri IV, qui laisse le jeune Louis XIII sous la régence de sa mère. Concino dira même "Je veux voir jusqu'où la fortune peut porter un homme". Il humilie Louis XIII, n'enlevant pas son chapeau en sa présence, et s'assoit même parfois dans le fauteuil du souverain !

En 1617, Louis XII a 16 ans. Pour régner seul, il lui faut se débarrasser du couple infernal. Avec l'aide de plusieurs conjurés, un plan est mis en place. Au matin du 24 avril, alors que Concino franchi la porte de Bourbon du Louvre, il est encerclé. Avant qu'il ne puisse tirer l'épée, les conjurés lui tirent dessus à 5 reprises. 3 balles l'atteignent au visage et à la gorge. Il est achevé à coup d'épée. Le roi, qui a assisté à la scène depuis une fenêtre à l'étage lance "Grand merci à vous! A cette heure, je suis roi!"

Le corps de Concini est victime de la vindicte du peuple qui le découpe en plusieurs morceaux. Son cœur est même roti... et mangé!

Son épouse, Léonora, est jugée en procès. Lorsqu'on lui demande comment une simple dame de compagnie a pu acquérir autant de richesses et avoir autant d'influence sur la reine, elle répond "Par le pouvoir qu'une femme habile et résolue exerce sur une balourde"

4e arrêt. Nicolas Fouquet : "La fête de trop"

Surdoué, Nicolas Fouquet intègre à 18 ans le poste de conseiller au parlement de Metz. Là, il remarque que le Duc Charles IV de Lorraine n'a pas tout à fait tous les droits sur Nancy et le signale à Louis XIV. Bien vu, Nancy est rattachée à la France!

Il devient ensuite surintendant des finances et se sert de ses réseaux pour amasser une fortune immense par des moyens pas très légaux : il devient l'homme le plus riche de France !

Le jeune roi Louis XIV a déjà eu pas mal de gens qui ont voulu lui marcher sur les roupettes : les nobles pendant la Fronde, puis l'omniprésence de Mazarin qui décidait de tout. A 23 ans, il n'a plus tellement envie de dépendre de quelqu'un d'autre.

Aussi, quand un soir d'août 1661, il organise une super fiesta dans son château de Vaux le Vicomte (avec à peine 600 invités), Louis XIV a bien les boules. Nicolas fait pas les choses à moitié et en met plein la vue son chef : parmi les invités on trouve juste Corneille (pas le chanteur hein...), Molière, Vatel s'occupe du buffet, Jean de la Fontaine... bref, le top. Ca s'enjaille grave. Nous avons la chance d'assister à une conversation :
Nicolas : "Salut Loulou, la besse ? Tu t'éclates ? T'as goûté les boulettes ?
Louis XIV : Dis donc Nicolas, j'ai l'impression que ça marche bien pour toi...
Nicolas : Psartek frère, j'vais t'mettre à la bien ce soir, j'avais t'faire rêver, j'vais te mettre au top. Alors détend toi et kiffe rouya"

Seulement, tu peux pas test Louis XIV. Non, tu peux pas. Le roi, furieux d'être ainsi humilié, quitte la fête avant la fin de la soirée, et quelques mois plus tard, il décrète l'arrestation de Nicolas Fouquet. Mis aux fer par d'Artagnan, il va passer 26 ans en prison, avant de mourir en 1680, dans sa cellule.

Louis XIV, de son côté, mettra la main sur tous les artisans ayant fait de Vaux le Vicomte le plus beau des châteaux, pour faire construire son propre rêve qui dépassera celui de son rival : Versailles.

Et voilà, c'était le dernier épisode de la saison 4, avant le repos estival! J'espère qu'il t'a plu. Et si c'est le cas, met un petit pouce, commente, partage. N'oublie pas de me dire si ce format t'a plu ou si tu préfère un article sur un personnage unique.

Retour de "La petite histoire de l'Histoire" en septembre pour une saison 5, et la sortie du tome II, avec plein de dessins super drôles de Jürg ! Et j'aurais du lourd. Du très très lourd!

#91 Le massacre des petits-enfants de Clovis : Parce qu'ils ne le valaient pas bien (apparamment)

Aujourd’hui c’est vendredi. Et le vendredi, soit on grimpe 4 étages à mains nues pour sauver un enfant, soit on lit « La petite histoire de l’Histoire »

Comme moi j’ai le vertige, j’ai le plaisir de te présenter l’épisode n° 91 consacré à un moment peu glorieux de l’histoire des Mérovingiens, tu sais les rois pleins de cheveux qui ont succédé à Clovis. Eh ben ses enfants à Clovis, ils ont fait des choses pas jolies-jolies.

Et pour ne pas trop te démoraliser, je finirais l’article par une petite liste marrante des amendes prévues par la loi Salique à l’époque. Ca changera des enfants morts…

Mes petits amis du 21e siècle, la machine a remonter le temps a prévu ses ciseaux de coiffeur, direction l’année 833. Allez, c’est parti !

Où sommes nous ?

Ambiance un peu tandax quand nous arrivons dans ce beau palais de l’Ile de la Cité, dont le propriétaire n’est autre que Childebert, roi de Paris et fils du grand Clovis. En effet, dans un coin, 3 enfants sont recroquevillés, effrayés. Ils ont 10 ans, 7 ans et 4 ans, et ne sont autre que les neveux de Childebert.

A l’autre bout de la pièce, le roi de Paris discute vivement avec son frère, Clotaire, roi de Neustrie qui semble bouillir de l’intérieur. Sans entendre ce qu’ils se disent, on devine que le destin des enfants est en jeu. Un messager entre dans la pièce et remet un billet aux deux rois. Le sort des enfants est scellé. Que se passe-t-il au juste ? C’est ce que nous allons voir.

Une dure lutte de pouvoir

Pour comprendre cette situation, il faut remonter à 524. A cette date, le 2e fils de Clovis, Clodomir, roi d’Orléans, meurt près de la Tour du Pin en Isère lors d’un combat contre les Burgondes. Il laisse une veuve éplorée, Gontheuque, et 3 enfants encore trop jeunes pour régner.

Cet événement va attiser les convoitises des autres fils de Clovis, qui loin de pleurer la mort de leur frère, vont rivaliser de fourberie pour lui chourer ses territoires. Ainsi, Clotaire fonce droit sur Orléans, et épouse de force Gontheuque afin d’obtenir des droit sur le royaume de Clodomir.

Les 3 enfants, eux, trouvent refuge non loin de Paris auprès de leur grand-mère, la veuve de Clovis : Clotilde. Clotaire, fou de rage de ne pas pouvoir s’assurer de conserver le royaume d’Orléans une fois les enfants majeurs, rejoint son frère Childebert à Paris, qui lui aussi a bien envie de croquer un bout du Royaume d’Orléans. Bon, les 2 kassos vont mettre quelques années à finaliser leur plan machiavélique, mais ils ne vont pas faire les choses à moitié.

Ainsi, en 533, ils envoient un SMS à leur mère, Clotilde pour lui dire qu’ils souhaitent inviter les 3 enfants de Clodomir à Paris afin de reconnaître leurs droits sur le royaume d’Orléans. Clotilde, ravie de cette nouvelle, habille les enfants comme pour les grands jours et les envoie sans s’inquiéter chez leur oncle. Seulement à peine arrivés, les enfants sont capturés et une story Snapchat est envoyée à Clotilde pour lui révéler les vraies intentions de Clotaire et Childebert : « Que penses-tu qu'il faut faire des enfants? Donnes tu l'ordre de les laisser vivre avec les cheveux coupés ou de les égorger tous les deux?" Alors là comme ça, la réponse nous semble évidente… Mais pour Clotilde, c’est un crève-cœur. Il faut savoir qu’avoir les cheveux tondus pour un Mérovingien, c’est la honte ultime, la h’chouma absolue.

Le cœur lourd, Clotilde ne peut se résoudre à voir ses petits enfants déshonorés et répond simplement « Plutôt morts que tondus ». Sobre et efficace… Mais pas hyper gay-friendly.

Quand ils reçoivent la réponse de Clotilde, les 2 frères comprennent ce qu’il leur reste à faire. Childebert poignarde l’aîné en plein cœur, qui meurt dans un râle. Le cadet, 7 ans, se jette aux pieds de son oncle et l’implore de lui laisser la vie sauve. Childebert est pris de pitié devant tant de larmes, il se tourne vers Clotaire et lui propose de lui laisser sa part du Royaume d’Orléans en échange de la vie de l’enfant. Mais Clotaire est impassible (et un peu un gros connard) : il rappelle à son frère que c’est lui qui a eu cette idée. Childebert repousse l’enfant qui vient s’empaler sur l’épée de Clotaire. Celui-ci achève le pauvre gosse en l’étranglant.

Au 2e plan, le Clodoald se carapate hyper discrètement sur le dos de Superman

Quand au 3e enfant, Clodoald, il a dû mater « Insaisissable » car il a disparu du château. Ses oncles ne le retrouveront jamais. Devenu adulte, il fondera un monastère en région parisienne, lui donnant son nom : Saint-Cloud.

Allez, maintenant qu’on a bien rigolé avec le meurtre de deux enfants, et qu’on a vu que les Mérovingiens ne plaisantait pas avec l’honneur et les cheveux, je te propose un petit retour plus léger sur la loi Salique en vigueur à cette époque. En gros, il s’agit d’un ensemble de textes qui visent à définir les réparations financières en cas de crime, pour éviter les vengeances personnelles. Mais on parle uniquement de thunes, pas de prison. Donc, tu peux latter qui tu veux du moment que tu peux payer. Si tu n’as pas l’argent pour indemniser la victime, là par contre, ça craint du boudin pour toi.

Voici quelques exemples d’amendes un peu chelou voir carrément dingue pour nous en 2018 (pour t’aider à te faire une idée des tarifs de l’époque, un bœuf coûte 2 sous et un cheval 12) :

• Tuer un esclave coûte 35 sous, un artisan 62 sous, un homme libre 200 sous, un noble 600 sous, un évêque 900 sous (du coup, vaut mieux tuer 25 esclaves, ça coûte moins cher)
• Une plaie au crâne coûte 30 sous, mais si on voit la cervelle, l’amende passe à 45 sous
• Un coup dans les côtes ou un coup de poignard dans le ventre coûte 30 sous + 5 pour les soins
• L’arrachement du nez, d’un pied, œil ou main coûte 100 sous, sauf si la main pend encore : 63 sous
• Traiter quelqu’un de renard ou de lapin : 3 sous
• Accuser quelqu’un d’avoir jeté son bouclier sans en apporter la preuve : 3 sous
• Si un homme libre touche la main d’une femme libre : 15 sous
• Une femme adultère qui quitte le foyer conjugal est enterrée vivante dans la boue. 

Alors ben du coup, si ta femme te trompe, qu'elle te traite de renard, te donne un coup dans le côtes, et touche la main d'un autre mec : ben PAF : jackpot !

Si tu as apprécié cet article : aime, commente, partage siteuplé :-)

Le mois prochain, dernier article de la saison! Et j'aurais du lourd. Du très très lourd!