lundi 14 novembre 2016

#76 Joseph Fouché : "Je suis ton meilleur ami"


Aujourd’hui c’est dimanche. Et le dimanche, soit on vote pirate en Islande pour oublier le bonhomme orange, soit on lit « La petite histoire de l’Histoire »

Comme moi j’ai déjà du mal à me remettre des infos de mercredi matin, j’ai le plaisir de vous présenter l’épisode 76 consacré à un personnage très peu connu de l’Histoire de France, et pourtant l’un des plus savoureux.

Je vous emmène au 18e siècle à la rencontre de celui qui prêta 8 serment de fidélité aux pouvoirs en place et qui en trahit 7…Non il ne s’agit ni d’Emmanuel Macron ni de Nicolas Sarkozy, mais bien de Joseph Fouché.

Mes petits amis du 21e siècle, la machine à remonter le temps a préparé plusieurs vestes de rechanges, direction l’année 1759 : aller c’est parti !
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Mais qui es-tu Joseph ?

-          Il né en mai 1759 à Nantes dans une famille de marchands marins. En toute logique, notre Joseph est destiné à reprendre le flambeau…Malheureusement, celui que l’on décrit comme anémique, laid et maigrelet n’est visiblement pas fait pour ce dur métier…Il a le mal de mer et son physique faible ne lui permet de soutenir aucun effort physique intense ! Bon ben on en fera un religieux… Pas con tout de même, et déjà assez peu enclin à prêter des serments, Joseph ne prononcera jamais ses vœux et sortira même athée de ses études!

-          A Arras où Joseph est au professeur de science, il se lie d’amitié avec un certain Maximilien Robespierre…dont il est d’ailleurs sur le point de devenir le beau-frère : Charlotte Robespierre ne rêve que de pécho le laid Joseph ! Mais l’affaire ne se fait pas, pour une raison inconnue. En tout cas, lorsque Robespierre est élu député en 1788, c’est Fouché qui lui prête l’argent nécessaire pour aller à Paris et s’acheter un costume neuf

-          Alors que la Révolution débute, Fouché comprends vite l’intérêt de se rapprocher de la bourgeoisie. Il jette ses habits de prêtre et épouse ainsi une femme très laide, fille de bourgeois, à laquelle il sera cependant fidèle toute sa vie, fait assez rare pour le souligner.

-          Il est élu à son tour député en 1792. Il va dès lors appliquer la tactique qui le fera traverser toute les crises sans dommage : se ranger au parti le plus fort ! Il prend donc place avec les modérés  Girondins, alors majoritaires.

-          Lors du procès du roi Louis XVI, et alors que tous les députés sont invités à se prononcer sur la vie ou la mort du souverain, Fouché est jusqu’à la veille rangé du côté de son parti : à savoir l’emprisonnement de Louis XVI. Mais au moment du vote à haute voix, le chef des girondins vote la mort. Fouché, calculateur, sent le vent tourner. Lui qui militait encore la veille auprès de tous les députés pour la grâce, monte à l’estrade et n’hésite pas un instant à voter la mort de Louis XVI afin de rester dans le camp de la nouvelle majorité : la Montagne de Robespierre

-          Nommé délégué générale en province, il rédige des tracts qui inspireront les futurs communistes, condamnant les riches et réclamant la saisie de tous les biens pour l’égalité de tous, détruisant les signes religieux…Lui qui sera bientôt le plus gros propriétaire foncier de France et riche à millions !

-          En 1793, il est envoyé pour punir la ville de Lyon, qui s’est levé contre la révolution. Ses ordres sont simples : détruire la ville et mater la révolte. Il ne suivra pas le premier ordre mais volontiers le second, acquérant rapidement le surnom du « mitrailleur de Lyon », faisant exécuter des centaines de personnes dans la plaine des Brotteaux.

-          Sommé par Robespierre (devenu le chef de la Révolution) de monter à Paris s’expliquer sur ses actions à Lyon (tu as poussé le bouchon un peu trop loin Joseph), il va tenter de rejeter la faute sur son collègue Collot d'Herbois. Fouché compte également sur ses amis pour le soutenir et éviter la guillotine : pas de bol, Robespierre s’est déjà débarrassé de Danton, Desmoulins, les Girondins, et en gros tous ceux qui n’étaient pas d’accord avec lui.

-          Fouché sait alors que s’il veut sauver sa tête, il ne lui reste qu’une seule solution : faire tomber celle de Robespierre ! S’engage alors une lutte à mort entre les deux anciens amis. Patiemment Fouché monte les députés contre Robespierre, conspire, chuchote, travaille jour et nuit dans l’ombre. Pari réussi : il parvient à gagner la lutte politique ! Robespierre est déclaré hors la loi, arrêté et exécuté à son tour.

-          Cependant, un an plus tard, Fouché est accusé à son tour. Mais toujours aussi malin, il parvient à ne pas se faire arrêter immédiatement et part se cacher pour échapper à la guillotine, le temps de se faire oublier.

-          Pendant 3 ans, plus personne n’entend parler de lui, un peu comme Larusso en 1998.

-          N’étant plus élu, il n’a plus une thune et doit vivre dans un appartement sordide sous les combles : il est fauché Fouché (tu l’as ?), avec sa femme laide, deux enfants roux, albinos et malades…le gros kiffe quoi

-          Fouché en est réduit à exercer le métier d’engraisseur de porc… oui oui, c’est un vrai métier ! Et non, il ne bosse pas à la cantine du Sénat, rien à voir.

-          Grâce à Barras qui est le nouvel homme fort du pouvoir, Fouché retrouve du poil de la bête en créant un réseau d’espion dans la rue et d’informateurs en tout genre. Fouché finit par tout savoir sur tout le monde : Fouché fait des fiches (c’est pour toi public !)

-          Il parvient même à faire fortune en créant une société qui va équiper l’armée avec du matériel de merde, mais peu lui importe, il se fait un max de thunes.

-          En 1799, il revient au top et il est nommé ministre de la Police ! Nouveau retournement de veste pour Fouché : c’est lui-même qui va fermer le club des Jacobins dont il fut autrefois président !

-          Lorsque Napoléon lance le coup d’Etat du 18 Brumaire, Fouché n’est pas loin…n’hésitant pas une seule seconde à trahir la seule personne qui lui a tendu la main lorsqu’il était dans la misère de sa mansarde parisienne : Barras. Et hop, un nouveau couteau dans le dos d’un ancien ami. Le mec il a des actions chez Opinel.

-          Napoléon lui offre un domaine d’une valeur de 10 millions de francs et l’ancien communiste, qui crachait sur l’argent et réclamait des saisies, devient la 2e fortune de France et le plus grand propriétaire foncier de France ! Mais brouillé avec l’empereur, il se retire de la vie publique dans ses terres pour un 2e exil. Il est fâché Fouché ! (Ok c’était la dernière)

-          Mais en 1804, Napoléon qui a trop besoin de ses réseaux, le nomme à nouveau Ministre de l’Intérieur. Et voilà notre Joseph qui prête serment de fidélité pour la 5e fois, au 5e régime différent (Monarchie, République, Directoire, Consulat, Empire)

-          Joseph Fouché est titré Duc d’Otrante en 1809, devenant un de ces aristocrates qu’il méprisait tant durant la Révolution et qu’il poursuivit de sa haine de l’argent.

-          Lorsque Napoléon le renvoie à nouveau de son poste en 1810, Fouché fait embarquer toute les archives secrètes que son incroyable réseau d’espion a constitué

-          3e exil pour Joseph, il va rester 5 ans loin du pouvoir. Revenu à Paris sous le règne de Louis XVIII, il est déclaré (encore) hors la loi et doit être arrêté. Les gendarmes stoppent son carrosse en pleine rue. Il s’écrit « On n’arrête pas un ancien sénateur et ancien ministre dans la rue ! » Il finit tranquillement son trajet jusqu’à son domicile où il demande aux gendarmes de l’attendre le temps qu’il se prépare pour son arrestation. En vérité, il s’enfuit par une fenêtre de son appartement !

-          Durant le retour de Napoléon et les Cents Jours, Fouché devient encore une fois Ministre mais il sait déjà que l’Empire est déjà condamné. Il prépare en secret le retour du roi Louis XVIII jouant à nouveau sur 2 tableaux en attendant de savoir qui va l’emporter.
 
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-          Et ainsi, lorsque Louis XVIII revient sur le trône, Fouché est de nouveau nommé ministre, prêtant son 8e et dernier serment de fidélité au frère de Louis XVI qu’il a condamné à mort 20 ans auparavant et devenant ainsi ministre d’une monarchie, lui l’ancien terroriste révolutionnaire !

-         En 1816, une loi condamne tous les députés ayant voté la mort de Louis XVI à quitter la France. Fouché part donc pour un nouvel exil et termine sa vie à Trieste, oublié de tous en 1820. Avant sa mort, il fera brûler toute ses archives personnelles et les secrets qu’elles renfermaient, qui ont tant inquiété les personnes au pouvoir pendant un quart de siècle !
-     Aujourd'hui, la descendante directe de Joseph Fouché n'est autre que la femme du chanteur Julien Clerc!
 
Si tu souhaites en savoir plus, et de manière sérieuse, n'hésite pas à lire l'excellente biographie de Stefan Zweig qui est par ailleurs la source principale de cet article.

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Le prochain épisode sera consacré à un autre opportuniste de cette époque, celui dont Napoléon disait qu’il était « une merde dans un bas de soie ». Et j’aurais du lourd, du très très lourd !

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