Aujourd'hui, c'est lundi. Et le lundi, soit on a pas de bol et on est pris en otage à Sydney, soit on est vraiment chanceux et on peut lire "La petite histoire de l'Histoire"
Comme j'ai pas les moyens d'aller à Sydney, je suis heureux de pouvoir écrire cette chronique un peu spéciale aujourd'hui.
Allez, trêve de bavardage et allons-y pour ce Hors Série "Citations".
1. Le siège de Béziers ou la Grande Boucherie :
Nous sommes en 1209. Le pape a ordonné une croisade en France contre l'hérésie Cathare très présente dans le Languedoc.
20 000 croisés se présentent devant la ville de Béziers dont ils commencent le siège. Sympa, ils conseillent aux vrais catholiques de quitter la ville pour ne pas partager le sort des cathares que l'on devine peu enviable.
Les habitants de Béziers, sûrs de leur murailles, refusent tout net.
L'assaut est alors ordonné. Les croisés, un peu embêtés, demandent au légat du Pape comment reconnaitre un Cathare d'un Catholique parce que bon, ils se ressemblent un peu quand même et on voudrait éviter de faire une boulette en tuant un bon chrétien. Arnaud Amaury, le légat du Pape, déclare alors :
" Tuez les tous, Dieu reconnaitra les siens"
Les soldats obéissent, la défense de Béziers cède et les croisés envahissent la ville, massacrant tout le monde, y compris les gens qui se sont réfugiés dans les églises. Les témoignages divergent, on fait état de 14 000 morts, 20 000 ou plus. Quoiqu'il en soit, cet épisode sanglant entre alors dans l'Histoire sous le nom de "Grand Masèl" en occitan : la Grande Boucherie.
Bien sûr, Béziers a servi d' "exemple" afin que les villes suivantes se rendent plus vite...Bel esprit chrétien!
2. L'amour fraternel selon Charlemagne :
Retour dans le temps, nous sommes en 768. Pépin le Bref, roi des Francs s'éteint. Il a eu la bonne idée avant cela de respecter la tradition franque et a partagé son royaume en 2 parts plutôt égales entre ses deux fils : Carloman et Charlemagne.
Sauf que Charlemagne est un conquérant ambitieux. Il présage déjà qu'il ne sera pas qu'un simple roi Franc. Mais le royaume de Carloman le gène dans son expansion. On ne peut quand même pas faire la guerre à son frère? La situation ne dure pas bien longtemps : en 771 un moine se présente devant Charlemagne et lui annonce :
"Dieu vous a témoigné d'une faveur spéciale en enlevant de ce monde Carloman"
Il a bon dos Dieu tiens...le grand Charles aurait fait assassiner sans remord ce frère gênant. Enfin en tout cas, cette mort est une excellente nouvelle pour Charlemagne qui hérite du même coup de la moitié du royaume que son père avait laissé à Carloman. Pour cela, il n'hésite pas une seule seconde à spolier ses neveux qui doivent précipitamment quitter le royaume avec leur mère.
Charlemagne, lui est en passe de devenir l'empereur et d'entrer dans l'Histoire comme le père de l'Europe, continent né dans le sang d'un fratricide.
3. Louis XI ou l'amour d'un père pour sa fille
Nous sommes en 1476. Louis XI n'a plus qu'un seul fils en vie : le futur Charles
VIII(mais si vous voyez qui c'est : celui qui s'est tué en se fracassant la tête contre un linteau de porte après avoir glissé sur des excréments)
Si Charles venait à mourir avant d'avoir des enfants, la couronne passerait au cousin de Charles, le beau Louis d'Orléans. Ca, Louis XI ne peut même pas l'envisager! Pourtant, c'est bien lui, le roi impitoyable, qui a pris sous tutelle cet héritier gênant quand il avait 3 ans, car le papa de Louis d'Orléans est resté prisonnier des anglais 25 ans après la bataille d'Azincourt. Mais voilà, le rêve du roi est de voir disparaitre la branche d'Orléans.
Là, ce bon vieux Louis a une idée à la fois cruelle et cynique : il décide de marier sa fille Jeanne l'Estropiée à son cousin Louis d'Orléans. Comme son nom l'indique, la pauvre jeune princesse n'est pas un parti valorisant pour Louis : bien qu'ayant un visage agréable, elle est de petite taille, voutée, a une épaule plus haute que l'autre, et boîte.
Le roi ne laisse pas beaucoup le choix à Louis mais lui offre tout de même une dot largement supérieur à la moyenne pour compenser le physique ingrat de la future mariée.
Le jour de la cérémonie, le roi Louis XI va glisser à l'un de ses proches :
"Pour ce qu'il me semble, les enfants qu'ils auront ensemble ne leur couteront pas cher à nourrir!"
Au final, en 1499, après Louis XI, Charles VIII meurt sans descendant. Louis d'Orléans va donc tout de même hériter de la couronne et devenir Louis XII. Il s'empresse de faire annuler son mariage par le Pape, arguant qu'il n'a pas été consommé : mais bien sûr...après 23 ans, on y croit à mort!
La pauvre Jeanne déclarera lors du procès pour annulation :
"Bien que je sache très bien que je ne suis ni aussi jolie ni aussi bien faite que les autres femmes le mariage a bel et bien été consommé".
Après l'annulation du mariage, Jeanne se retire au couvent à Bourges.
4. Napoléon ou le pragmatisme à toute épreuve :
Durant la nuit du 19 au 20 mars 1811, des cris de femmes résonnent dans le palais des Tuileries. L'impératrice Marie-Louise d'Autriche vit un accouchement difficile qui va durer 12h.
L'enfant se présente en effet par les pieds, et la mère et le bébé sont en danger de mort.
Napoléon fait les cent pas à l'extérieur de la chambre, et entend aux cris poussés par sa femme que tout ne se déroule pas au mieux.
Lorsqu'au petit matin Corvisart, le médecin personnel de l'empereur vient le voir, tout tremblotant, épuisé, pour lui annoncer la naissance d'un fils, Napoléon ne comprends tout d'abord pas les paroles du médecin qui a du mal à articuler avec la fatigue. Napoléon croit comprendre que l'impératrice est morte durant l'accouchement. Il lance :
"Quoi Corvisart? Elle est morte? Eh bien si elle est morte qu'on l'enterre!"
Que dire de plus? Compassion, amour, empathie...les mots me manquent!
5. Jules de Polignac, le gars qui n'a rien compris :
28 juillet 1830. Le peuple gronde et une nouvelle révolution est en marche pour chasser Charles X du pouvoir.
Le 1er ministre du roi est un aristocrate qui se nomme Jules de Polignac. Il est ultra royaliste et n'envisage pas une seule seconde que ce qu'il se passe dans la rue puisse être entendu. Il prétend également que la Vierge lui apparait tous les matins et qu'il suit ses conseils...drôle d'idée quand on voit ce qui va suivre.
Lorsque le peuple monte sur les barricade en cet été 1830, il ordonne à la troupe de tirer sur la foule. Puis, lorsqu'on vient l'avertir que la troupe a fraternisé avec le peuple, il déclare :
"Eh bien qu'on tire sur la troupe!"
2 jours plus tard, le roi est chassé de Paris, la 2e Révolution a renversé le régime en place et Jules de Polignac avec!
6. Clémenceau, le roi de la punchline :
Le 16 février 1899, le président de la République en exercice, Félix Faure, meurt au palais de l'Elysée en pleine nuit.
Comme le disent alors les journaux de l'époque, il est mort d'avoir trop "sacrifié à Vénus" : en gros, il est mort d'un orgasme fatal alors qu'il était avec sa maîtresse, Marguerite Steinheil. Pour être encore plus précis, la demoiselle était en train de lui prodiguer une spécialité buccale fort appréciée par les hommes quand Félix a eu la bonne idée de mourir, ce qui valut à Marguerite le surnom de la "Pompe Funèbre"
Georges Clémenceau, jamais avare de bons mots, et qui ne pouvait pas blairer Félix Faure a ensuite déclaré :
"Il voulut être César, il finit Pompée"
Mais aussi :
"En entrant dans le néant, il a du se sentir chez lui"
Pour bien achever le tout, Georges a encore balancé à propos de son "ami" :
"Ca ne fait pas un français de moins, mais une place à prendre"
J'espère que ce billet un peu spécial et plus long qu'à l'accoutumée vous aura plu. Si c'est le cas, aimez, commentez, partagez! Si ce n'est pas le cas, eh bien écrivez à notre service client qui se fera un plaisir de répondre à votre réclamation sous 800 jours.
La semaine prochaine, ne ratez pas le prochain épisode consacré aux femmes dans l'Histoire, car je vous raconterais la rivalité sanglante entre deux reines, et j'aurais du lourd, du très très lourd.
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